Cette semaine nous nous sommes intéressés à la structure de l’Agence guinéenne des spectacles (AGS). Dans cette interview exclusive, son directeur général, Malick Kébé, dit toute la vérité sur les activités réalisées sous sa conduite, la nécessité de réadapter la politique culturelle guinéenne à la nouvelle donne et propose son plan pour le rayonnement de l’Afrique à travers son patrimoine culturel. Interview.
Eco vision: Quelles ont été vos principales préoccupations quand vous êtes arrivé à la tête de l’Agence Guinéenne de Spectacle ?
Malick Kebe : Nous avons trouvé beaucoup de dysfonctionnement en arrivant à la tête de l’Agence Guinéenne de Spectacle. Sur ce, nous avons d’abord commencé par un stage de formation en vue de renforcer les capacités des différents opérateurs culturels guinéens, mais aussi des cadres de l’Agence.
Nous avons engagé beaucoup de changement par rapport à l’organisation des spectacles pour éviter les problèmes auxquels l’agence et les opérateurs étaient confrontés. Ces changements sont entre autres, l’instauration de l’assurance de spectacle, l’obligation de présenter le contrat de spectacle liant l’organisation du spectacle à l’artiste mais aussi la transmission du courrier à l’administrateur du Palais ou au gérant du lieu de spectacle par l’AGS. Avant, les gens pouvaient réserver n’importe comment, mais depuis que nous sommes arrivés, nous avons fait en sorte que tout spectacle aujourd’hui en Guinée soit autorité par l’AGS.
Quelles sont les implications directes de l’Etat et de votre structure dans la politique culturelle de notre pays ?
Dans les jours avenir, il y aura une rencontre au cours de laquelle les operateurs culturels et les hommes de culture vont se retrouver pour réfléchir sur la politique culturelle du pays. A mon avis, il n’y en a même pas. Celle qui existe date de 1999 et n’a jamais été appliquée. Ce qu’il faudrait faire c’est de sortir ces politiques culturelles qui se trouvent dans les tiroirs du ministère de la Jeunesse qui abritait dans les temps la culture, pour l’adapter aux réalités de nos jours afin que la culture guinéenne puisse aller de l’avant.
Qu’est ce qu’il faut faire concrètement pour l’application de cette politique ?
Vous savez, en établissant une politique c’est d’abord de dire qu’est ce qui ne va pas. Il faut se poser la question de savoir qu’est ce qu’il faut pour que ça marche et quelles sont les voies et moyens à suivre pour atteindre les objectifs fixés. Et cela demande beaucoup des choses : la construction d’un Palais de la culture, la formation des operateurs culturels et des artistes, et l’implication de l’Etat dans les activités culturelles, le soutien aux operateurs culturels et leur subvention.
Le développement d’un pays est de plus en plus identifié par sa croissance économique. Quelle est la place de la culture dans ce contexte ?
On ne cesse de dire aujourd’hui que l’économie est la chose qui soutien le mieux un pays. Mais nous avons des pays qui n’ont pas des ressources naturelles. C’est plutôt à travers la culture qu’ils sont arrivés à s’identifier et à s’imposer sur l’arène internationale. C’est le cas spécifique du Sénégal. C’est le tourisme qui soutient l’économie de ce pays et c’est le tourisme culturel.
Qu’est ce qui manque à la Guinée pour faire rayonner sa culture à travers le monde ?
Ce qui manque, c’est une volonté politique. Cette volonté qui amènera les uns et les autres de se retrouver d’abord pour établir une politique culturelle et enfin la mettre en application.
Qu’est ce qui symbolise la culture guinéenne ?
Je ne dirai pas seulement la musique. La culture guinéenne est pour moi symbolisée par tout ce qui nous permet de nous identifier.
Quel bilan pouvez-vous tirer des activités menées par le ministre qui se sont succédés au département de la Culture ces dernières années ?
Le ministre sortant, monsieur Fodéba Isto Keira a fait un travail très remarquable. A son arrivée à la création du département, il a pris les choses en main, il s’est battu pour faire de ce ministère, un meilleur ministère du gouvernement de transition. On a assisté au festival des Arts de Guinée, on a assisté également à la Quinzaine du Cinéma. Les artistes guinéens ont participé au FESTMAN, au Festival mondial des arts nègres au Sénégal où la Guinée a fait une participation très remarquable. Je pense que son bilan est positif. Aujourd’hui on a un nouveau qui est un homme de la culture M. Ahmed Tidiane Cissé qui est entrain des faire un certain nombre des choses pour que la culture guinéenne avance. Je suis très confiant, parce que c’est quelqu’un qui écoute, qui est à la disposition des cadres de son département. Je pense que s’il est accompagné, il n’y a pas de raisons qu’il ne fasse pas un résultat digne de nom.
Quelle politique l’Agence Guinéenne de Spectacle entend-elle mener dans un contexte de la mondialisation pour préserver les différentes cultures nationales ?
Vous savez que la mondialisation, c’est un terme que les uns et les autres utilisent très souvent, mais que je trouve très vaste, puisque qu’aujourd’hui quand on parle de la mondialisation dans un premier temps on fait allusion à tout ce qui est lié à l’économie et autres. La culture n’a pas une très grande place. Mais en ma foi, elle devrait avoir une place très importante. Quand on dit aujourd’hui aux africains d’aller aux concerts des Nations, on dit souvent que l’Afrique ne pourra venir qu’avec sa culture qui fait d’elle, ce qu’elle est. Je pense qu’il est extrêmement important que nous apportons assez de moyens à cette culture pour qu’elle puisse s’exprimer et qu’elle puisse avoir sa place dans ce concert des Nations.
Votre mot de la fin M. Malik Kebe ?
Je vous dis merci de m’avoir accordé cette interview. J’espère qu’elle ne soit pas le dernier entretien et je reste entièrement à votre disposition.
A l’endroit des operateurs culturels, je demande d’être plus responsables, de faire en sorte que les choses se passent dans des meilleures conditions aussi bien pour eux et pour le monde du spectacle guinéen.
Source : ECO-VISION